Face à cette situation, les autorités ont immédiatement instauré une zone réglementée de 50 km autour du foyer initial, couvrant la Savoie, la Haute-Savoie, l'Ain et l'Isère. Cette zone englobe 2 156 élevages et 225 000 animaux.
En date du 8 juillet, quatre nouveaux foyers ont été confirmés dans le même département.Un foyer de dermatose nodulaire contagieuse a été découvert pour la première fois en Haute-Savoie, ce mercredi 9 juillet, à Massingy (proche d’Entrelacs). Cinq autres nouveaux foyers ont été confirmés le dix juillet, toujours à Entrelacs. Cela porte à quatorze le nombre de foyers de la maladie dans cette zone.
Les caractéristiques de la maladie sont relativement bien connues. La DNC est une maladie virale bovine causée par le virus LSDV (lumpy skin disease virus), un virus du genre Capripoxvirus de la famille des Poxviridae. Ce virus présente une résistance remarquable dans l'environnement, survivant longtemps dans les croûtes, la peau desséchée et les abris sombres.
La transmission s'effectue principalement par des vecteurs arthropodes hématophages (Stomoxys calcitrans, Aedes spp., les taons…), plusieurs espèces de tiques, des mouches domestiques non hématophages (Musca spp.), tandis que la transmission directe entre animaux est peu fréquente mais possible par les sécrétions, ou le sperme.
Après une phase prodromique avec hyperthermie et atteinte de l’état général, les manifestations cliniques sont essentiellement cutanées (nombreux nodules sur les muqueuses et le corps) avec, dans les formes graves, la possibilité de complication pulmonaires et digestives. La létalité est faible (< 10 %) mais la morbidité peut être élevée et l’impact sur la production laitière très important.
Le diagnostic ne pose pas de problème. La PCR en temps réel constitue la méthode de référence pour la détection directe du virus (sur biopsies de nodule, écoulements salivaires ou lacrymaux ou sur sang total), associée à l'isolement viral sur cultures cellulaires et aux tests sérologiques (ELISA, séroneutralisation).
Les mesures de contrôle et de prévention sont d’un intérêt majeur. Aucun traitement spécifique n'existe actuellement. La prévention repose sur trois piliers principaux :
- la vaccination : la stratégie principale est basée sur des vaccins homologues atténués, utilisables en zone endémique ou nouvellement infectée. L’utilisation de la vaccination dans une zone indemne de DNC n’est autorisée qu’en cas de menace établie en mobilisant le stock européen ;
- le contrôle vectoriel : usage raisonné d'insecticides (notamment la deltaméthrine) avec précautions pour la faune non ciblée (autres arthropodes…) et l’environnement, mais l’efficacité des insecticides n’est que partielle. La gestion des gîtes larvaires des stomoxes (paille humide, fumier…) est essentielle, incluant le retrait fréquent du fumier et le maintien de bâtiments d’élevage propres et secs
- la biosécurité : isolement, désinfection, limitation des déplacements et surveillance renforcée des élevages.
La réglementation est bien établie et a été mise en œuvre sans délai. La DNC est classée en catégorie ADE dans la Loi de santé animale européenne, à déclaration obligatoire et éradication immédiate. La réglementation prescrit l'instauration de zones réglementées avec restriction de mouvements dans un périmètre de 20 km (zone de protection) et de 50 km (zone de surveillance).
Les conséquences économiques peuvent être lourdes. Outre un impact sérieux sur la production laitière, les mesures sanitaires incluent l'interdiction de mouvements d'animaux vivants, de semences, d'ovules ou d'embryons pendant 30 jours minimum, ainsi que la suspension des exportations vers les pays tiers pour les exploitations en zone réglementée. Bien que le lait ne soit pas considéré comme contaminant, la pasteurisation est recommandée, par précaution, uniquement pour l’alimentation animale hors des foyers atteints.
La DNC n’est pas une zoonose. Si le risque zoonotique a été évoqué récemment pour la DNC, il ne s’agit que d’une hypothèse non confirmée scientifiquement.
En conclusion : une mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs
L'apparition de la DNC en France représente un défi majeur pour la filière bovine, nécessitant une mobilisation coordonnée des autorités sanitaires, des vétérinaires et des éleveurs. Les mesures de surveillance, de contrôle et de prévention mises en place visent à contenir la propagation de cette maladie tout en minimisant l'impact économique sur toute la filière. La vaccination et la mise en place de mesures de biosécurité adéquates constituent les axes prioritaires pour lutter efficacement contre cette épizootie émergente en Europe occidentale. En effet, pour des raisons diverses (plusieurs espèces d’arthropodes impliquées, mobilité des insectes, impossibilité d’éradiquer tous les insectes et toutes les tiques, impact très négatif des insecticides sur la santé animale, humaine et environnementale), le recours à la lutte insecticide seule est une option dont l’efficacité reste discutable.
Pour suivre la situation et plus d’informations
www.plateforme-esa.fr/fr/mots-cles-note/dermatose-nodulaire-contagieuse-dnc
agriculture.gouv.fr/dermatose-nodulaire-contagieuse-des-bovins-dnc-foire-aux-questions
https://www.woah.org/app/uploads/2022/09/faq-lsd-faired-v2-4forpublication.pdf