Le Dr vét. Jean DEREGNAUCOURT, président de l’Académie vétérinaire de France, vous prie d’assister à la SEANCE DU PRESIDENT
le jeudi 6 novembre 2025 de 14h00 à 17h30
SEANCE DU PRESIDENT (14h00 - 17h45)
en présentiel
à l'Amphithéâtre de l'Académie de chirurgie, Les Cordeliers,
15 rue de l’École de Médecine, 75006 Paris
Pour venir à l'Académie de chirurgie
ou en visioconférence par le lien ci-après :
https://us06web.zoom.us/j/85994376998
PARTIE I (publique)
13h45-14h00 : Accueil des participants
14h00-14h05 : Mot d’accueil par le Président.
I/ Partie protocolaire : Remise du prix Henri LeBars (14h05-14h35)
Par le Dr vét Eric Guaguère et le Pr Pierre Sai
Présentation du lauréat : Dr vét Robert Dantzer
II/ Séance Scientifique (14h40-17h15)
« La cognition chez des vertébrés et invertébrés. Est-on assez intelligent pour comprendre à quel point les animaux le sont ? »
Coordinateurs
Professeur honoraire Bertrand Deputte et Dr vét Jean Derégnaucourt
14h40-14h45 : Introduction par le Pr Bertrand Deputte
14h45-15h15 : Pr Charles Stépanoff, EHESS : « Pourquoi l’intelligence des bêtes nous intéresse »
15h15-15h45 : Dre Léa Lansade, INRAE : « Ce que les mammifères domestiques perçoivent et comprennent de nous : avancées des recherches dans le domaine de la cognition animale à l'égard de l’humain »
15h45-16h15 : Pr Ludovic Dickel, Université de Caen : « La pieuvre : l’intelligence dans la peau »
16h15-16h45 : Pr Martin Giurfa, Institut de Biologie Paris-Sorbonne : « Cognition et Cerveau Miniature - Performances et Mécanismes »
16h45-17h15 : Table ronde avec la participation du Pr Luc Mounier, Dr vétérinaire intéressé par tout ce qui touche à l’approche « un seul bien être : bien être des humains, des animaux et de la planète sont étroitement liés », membre du comité scientifique de la LFDA.
III/ Partie récréative : Buffet convivial (17h15-17h45)
EDITORIAL DE LA SEANCE DU PRESIDENT
Caractérisée par la capacité à trouver des solutions à des problématiques rencontrées dans un cadre naturel ou expérimental, la cognition, à l’image de la diversité du monde animal, peut prendre une infinité de formes. Même si depuis l’animal machine de Descartes, nous avons progressé, aujourd’hui, quelle part de l’ensemble des cognitions animales avons-nous identifié et quelle part de celles qui ont été identifiées comprenons-nous ?
Longtemps, de manière anthropocentrée, la cognition animale a été identifiée et analysée sur la base des critères utilisés dans le cas de la cognition humaine. Mais depuis le début du siècle dernier, l’observation et la compréhension progressive de capacités remarquables montrées par certains animaux a fait évoluer les approches et a permis de « découvrir » des cognitions animales qui nous remplissent d’admiration et nous contraignent à une certaine humilité…..
Lire l'éditorial ICI
Télécharger le programme ICI
ANNEXES : CV et RESUMES
Pr Charles Stépanoff Directeur d’études, École des hautes études en sciences sociales
Docteur en ethnologie (2007), Charles Stépanoff a été maître de conférences à l'École pratique des hautes études avant de devenir directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Il a coordonné le Groupement de recherche international « Nomadisme, sociétés et environnement en Asie centrale et septentrionale » (France, Fédération de Russie, Kirghizstan). Ses premières enquêtes ont porté sur le chamanisme à Tuva en Sibérie méridionale : il a étudié les ressorts cognitifs et relationnels de l’autorité et des pouvoirs d’individus hors du commun, les chamanes. Ses travaux se sont ensuite étendus aux rapports à l’environnement à travers la chasse et l’élevage. Ses derniers ouvrages sont L’animal et la mort. Chasses, modernité et crise du sauvage (La Découverte 2021, prix France culture-Arte) et Attachements. Enquête sur nos liens au-delà de l’humain (La Découverte 2024).
« Pourquoi l’intelligence des bêtes nous intéresse »
Les diverses sociétés humaines ont collecté des savoirs d’une grande richesse sur les comportements, la socialité et l’intelligence des animaux. Dès l’enfance, les humains manifestent une vive curiosité pour les motivations et les intentions des animaux et leur prêtent volontiers un esprit et des stratégies. Dans leur évolution, les humains ont développé un intérêt irrépressible pour la cognition et les émotions d’autrui qui ne s’est pas limité à leur propre espèce, mais s’est étendu à d’autres animaux. La chasse puis la domestication sont fondées sur ces dispositions extraordinaires à explorer les esprits et les émotions au-delà de l’humain.
Cet exposé s’appuiera sur une ethnographie des Tozhu de Sibérie, chasseurs-cueilleurs et éleveurs, et sur leurs conceptions de l’intelligence des ours et de celle des rennes. On verra que le mode de vie nomade des Tozhu ne serait pas possible sans une attention constante envers la cognition animale et la construction d’une intelligence hybride humains-animaux.
Pr Dr Léa LansadeDirectrice de Recherche INRAE
Léa Lansade a soutenu sa thèse, en 2005, à l'Université de Tours. Sa thèse était intitulée « Le tempérament du cheval : étude théorique : application à la sélection des chevaux destinés à l'équitation ». Elle est, actuellement, directrice de recherche à l’INRAE.
Elle est spécialiste de la cognition, des émotions et du comportement social des équidés. Elle mène depuis une vingtaine d'années des travaux à l’interface de l’éthologie, de la psychologie comparée, et de la cognition animale, avec une expertise particulière dans l’étude des interactions homme-animal et des comportements sociaux. Depuis 2023, elle co-dirige, à l'Université de Tours, une équipe CNRS-Institut Français du cheval et de l'équitation (IFCE) et de l'INRAE.Elle participe à des recherches sur le bien-être des chevaux pour le compte de l'IFCE.
Elle a publié de nombreux articles scientifiques dans des revues internationales à comité de lecture (Scientific Reports, Animal Cognition, etc.). Elle a développé une approche innovante combinant protocoles expérimentaux rigoureux et méthodologies inspirées des sciences cognitives humaines.
Elle est également fortement investie dans la diffusion des connaissances scientifiques auprès des professionnels et du grand public. Elle est l'autrice de l'ouvrage de vulgarisation scientifique « Dans la tête d'un cheval », paru en 2023.
« Ce que les mammifères domestiques perçoivent et comprennent de nous : avancées des recherches dans le domaine de la cognition animale à l'égard de l’humain »
L'intervention portera sur la cognition à l'égard de l'humain chez les mammifères domestiques, en s’appuyant notamment sur ses propres travaux menés chez le cheval. L’accent sera mis sur la nécessité d’une rigueur méthodologique, de cadres conceptuels robustes et d’une interprétation réfléchie et fondée des résultats - conditions indispensables pour éviter les dérives anthropomorphiques et favoriser des avancées scientifiques réellement significatives dans ce domaine.
Pr Ludovic DickelProfesseur d'Ethologie. Université de Caen
Il a obtenu sa Thèse de Doctorat à l'Université de Caen en 1997 sur le développement du comportement prédateur chez la seiche. Il est parti ensuite effectuer une recherche post-doctorale à Galveston (USA) sur les effets d’un milieu enrichi sur le développement sensoriel et cognitif des Céphalopodes.
En 2000 il est nommé Maître de Conférence à Caen au Laboratoire de Physiologie des comportements des céphalopodes, puis Professeur en Ethologie en 2007.Il est actuellement en délégation 100% au CNRS où il a dirigé le Groupe « Mémoire et Plasticité comportementale » de 2012 à 2016 et depuis 2016, il a dirigé l’équipe Neuro-Ethologie Cognitive des Céphalopodes (CNRS-UniCaen). Ludovic est depuis 2019 membre de la section 69 du CNU et a porté plusieurs projets dont 2 ANR. Depuis 2022 Ludovic Dickel est Directeur de l’UMR CNRS Ethologie Animale et humaine des Universités de Caen et de Rennes. Il a co-organisé 7 colloques et symposia internationaux et dirigé 10 thèses dont une vétérinaire. Il a publié plus de 100 articles scientifiques dans les domaines de l'éthologie, la cognition, les neurosciences comportementales et l'écologie. Il est l'auteur de 6 ouvrages.et a participé à de nombreuses émissions télévisées et de radio.
« La pieuvre : l’intelligence dans la peau »
Parmi les Mollusques, les Céphalopodes (Pieuvres, Seiches et Calmars) possèdent une multitude de particularités, parmi lesquelles un véritable cerveau, le plus volumineux de tous les invertébrés, des comportements et des capacités d’apprentissage et de mémoire extrêmement complexes. Ces capacités en ont fait des modèles de choix pour les neurophysiologistes des comportements du XXème siècle. Ces animaux possèdent également des capacités absolument uniques dans le règne animal ; celles de pouvoir changer de couleurs et d’aspects en une fraction de secondes. Ces prouesses chromatiques leurs permettent de se fondre totalement dans l’environnement, d’effrayer un prédateur, d’imiter d’autres espèces ou encore de communiquer entre eux. Curieusement ces propriétés extraordinaires n’ont attiré l’attention des chercheurs que plus récemment. Les changements de couleurs interviennent sous le contrôle direct du système nerveux et l’on découvre que la peau des céphalopodes peut-être une véritable fenêtre ouverte sur le fonctionnement de leur cerveau. Les propriétés de la peau des céphalopodes intéressent maintenant de plus en plus les éthologues qui s’intéressent aux états mentaux, au sommeil ou encore aux stratégies de communications complexes.
Pr Martin Giurfa Professeur de Neurosciences. Institut de Biologie Paris-Sorbonne
Martin Giurfa est franco-argentin. Il est professeur de neurosciences de classe exceptionnelle à Sorbonne Université, Paris. Il dirige, depuis 2023 l’Institut de Biologie Paris-Seine de Sorbonne Université. Cet institut qui regroupe les laboratoires travaillant sur différents domaines de la biologie dans cette université.
Il a obtenu un doctorat en neurosciences de l'Université de Buenos Aires, Argentine, en 1990. Après avoir passé 11 ans à Berlin, Allemagne, où il est devenu Professeur de l'Université Libre de Berlin. Puis il est venu à Toulouse, en 2001 en tant que Professeur Titulaire de Neurosciences où il a créé le Centre de Recherches sur la Cognition Animale, institut de recherches CNRS-Université de Toulouse. Il a dirigé cet Institut de sa création jusqu'en 2017.
Il est actuellement membre de l'Académie Allemande de Sciences et de l'Académie Royale de Sciences et des Arts de Belgique. Il a reçu la Médaille d'Argent du CNRS et plusieurs prix internationaux pour ses travaux de recherche. En 2024 il a reçu le Prix de Biologie Intégrative de l’Académie Française de Sciences.
Ses recherches portent sur les phénomènes perceptuels, l’apprentissage et la mémoire chez les abeilles mellifères. Il a introduit une dimension cognitive dans les études sur l’apprentissage et la mémoire des insectes à partir de la découverte des remarquables facultés cognitives des abeilles.
Il est l'auteur de près de 200 articles dans des revues scientifiques internationales dans les domaines de la cognition, de la neurobiologie et du comportement des insectes. En 2012, Il a co-publié un livre chez Springer, intitulé Honeybee Neurobiolgy and Behavior.
« Cognition et Cerveau Miniature - Performances et Mécanismes »
Malgré un cerveau d’à peine 1 mm³, les abeilles domestiques présentent un répertoire comportemental d’une grande richesse. Dans le contexte de leurs activités de butinage, elles apprennent et mémorisent de multiples indices sensoriels des fleurs qu'elles exploitent de par leur association avec des récompenses alimentaires (nectar ou pollen). Au-delà de leur rôle bien établi en tant que modèles pour l’étude des formes simples d’apprentissage associatif, les abeilles se sont imposées comme des organismes de choix pour l’analyse de formes d’apprentissage de plus haut niveau, tant dans le domaine visuel qu’olfactif. Au cours des deux dernières décennies, nos travaux ont ainsi mis en évidence des capacités cognitives insoupçonnées chez ces insectes, incluant l’apprentissage de catégories et de concepts, la perception du nombre, ou encore la résolution de discriminations non linéaires, entre autres. Tous ces phénomènes sont accessibles expérimentalement grâce à des protocoles contrôlés en laboratoire, qui permettent, dans certains cas, d’identifier les circuits neuronaux sous-jacents. Dans cette présentation, je discuterai certains de ces résultats et proposerai, chaque fois que cela a été possible, des pistes quant à leurs bases mécanistiques. Ce faisant, je mettrai en lumière les défis expérimentaux rencontrés et suggérerai des orientations futures pour l’étude de la neurobiologie de l’apprentissage de haut niveau chez les insectes, dans le but de mieux comprendre les architectures neuronales fondamentales sous-tendant le traitement cognitif.