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Impacts de la résistance aux médicaments antiparasitaires sur les animaux en France

Tous les animaux sont exposés au parasitisme et les médicaments pour les soigner viennent à manquer dans certaines filières du fait du développement de résistances. Les impacts de celles-ci ne sont pas que sanitaires mais aussi économiques, sociaux, et environnementaux. Sans mesures adaptées, certaines activités d’élevages sont menacées. Rapport CGAAER 24066

LIRE LE RAPPORT du CGAAER ICI

Voir l'avis de l’Académie Vétérinaire de France concernant la problématique de la résistance des helminthes digestifs du cheval vis-à-vis des anthelminthiques

 

RESUME

Le phénomène de perte d’efficacité des médicaments vétérinaires au fil du temps est connu depuis le milieu du XXème siècle soit avant même l’usage régulier des antibiotiques, et est de plus en plus préoccupante dans le monde. Or, si la lutte contre l’antibiorésistance mobilise tous les acteurs dessantés humaine, animale et environnementale, la prévention de l’apparition et du développement des résistances des parasites animaux aux médicaments vétérinaires ne semble pas une préoccupation mondiale bien partagée.

Malgré les alertes des scientifiques sur l’apparition de ces résistances, la problématique n’apparait pas prioritaire pour la société et est renvoyée aux relations entre éleveurs et vétérinaires d’autant que la médecine humaine semble plutôt peu mobilisée sur ce secteur en France métropolitaine.

Les impacts de la résistance aux médicaments antiparasitaires sont bien-sûr d’abord des impacts en terme santé et bien-être animal, et concomitamment des impacts économiques pour les éleveurs. Mais ils peuvent aussi être sociaux quand des animaux demeurent souffreteux ou galeux dans un élevage et surtout environnementaux quand les pratiques poussent à multiplier les traitements avec des produits peu efficaces voire dangereux pour les écosystèmes. L’impact sur la santé publique peut aussi devenir une réalité lorsque la lutte contre des parasites communs à l’homme et aux animaux repose sur des molécules à activité identique en médecine humaine et animale. 

Cependant si la nature des impacts est clairement identifiée, leurs quantifications sont difficiles. Les chefs des agences européennes du médicament vétérinaire ont été consultés et ont également exprimé des inquiétudes sur ce sujet. Aussi devient-il urgent de sensibiliser l’ensemble des détenteurs d’animaux aux risques liés à la résistance aux médicaments antiparasitaires. 

La création et le déploiement d’un observatoire de ces résistances apparait désormais indispensable pour objectiver les situations en France et quantifier les impacts. Il pourra utilement s’appuyer sur des analyses de terrain si des standardisations de celles-ci sont mises en œuvre permettant ainsi de contribuer à ce réseau. La recherche doit aider à l’élaboration de kits d’analyses de terrain encore plus performants, notamment adaptés à des grands nombres d’animaux, pour faciliter le travail des praticiens et affiner leurs prescriptions. 

Une meilleure connaissance des pratiques dans les filières nécessite aussi d’appréhender plus finement les volumes de médicaments antiparasitaires circulants ce que permettra la déclaration de leur dispensation.

La fragilité de certaines filières disposant d’un nombre réduit de médicament antiparasitaires est toutefois déjà identifiée : c’est le cas des herbivores qui connaissent des impasses thérapeutiques et pour lesquels des pratiques régulières de traitements peuvent aggraver les situations. Ainsi, les filières laitières ovines et caprines, d’une part, et la filière équine d’autre part, nécessitent dès à présent une intervention collective. Des dispositifs de formation et d’accompagnement spécifiques de celles-ci sont désormais indispensables. Un ciblage des contrôles officiels de la pharmacie vétérinaire sur ces exploitations devra compléter le dispositif.

En 2024, les acteurs français ont associé la prévention et la lutte contre la résistance des parasites à celles de l’antibiorésistance au sein du plan EcoAntibio 3. Ils doivent maintenant identifier l’opportunité d’un plan d’action spécifique aux résistances aux médicaments vétérinaires dans les années à venir.