L'Académie Vétérinaire de France a rendu un rapport détaillé en 49 pages et un avis sur l'utilisation des insectes en alimentation humaine et animale, domaine en développement dans le contexte de la transition écologique et alimentaire.
Résumé de l'avis
Principaux constats
Cadre réglementaire clarifié : Le statut juridique des insectes alimentaires est désormais établi au niveau européen, bien que l'analyse des risques sanitaires reste limitée par le manque de méthodes standardisées spécifiques à ces nouveaux aliments.
Acceptabilité différenciée : Si l'entomophagie humaine demeure peu acceptée en Occident, l'utilisation d'insectes dans l'alimentation animale ne pose pas de problème d'acceptabilité. Les productions françaises se concentrent principalement sur les larves d'Hermetia illucens (mouche soldat noire) et de Tenebrio molitor (vers de farine).
Enjeux environnementaux : L'élevage d'insectes présente un impact environnemental favorable avec une faible occupation des terres et une production réduite de gaz à effet de serre, s'inscrivant dans les principes de l'économie circulaire.
Défis identifiés
L'Académie souligne plusieurs défis majeurs : la forte périssabilité des larves abattues, la dépendance de la valeur nutritionnelle aux conditions d'élevage, et la nécessité d'une vigilance sur les substrats d'alimentation des insectes pour éviter les transferts de contaminants. Les coûts de production actuels limitent encore l'utilisation à grande échelle en remplacement des protéines végétales.
Recommandations stratégiques
L'Académie préconise cinq axes de développement prioritaires :
- Renforcement de la recherche multidisciplinaire pour soutenir une filière sûre et durable, impliquant les organismes de recherche (INRAE, CIRAD, IRD) sous l'égide du ministère de l'Agriculture.
- Développement de programmes d'étude sur les caractéristiques des matrices insectes-aliments et leurs impacts sur les écosystèmes, le microbiote et les fonctions digestives.
- Formation spécialisée en biologie et techniques d'élevage d'insectes, encouragée par les ministères de l'Agriculture et de l'Enseignement supérieur.
- Harmonisation des méthodes de contrôle avec la mise à disposition d'outils standardisés pour les services officiels et l'ANSES.
- Renforcement des liens entre producteurs d'insectes et monde agricole français via les organisations professionnelles.
Conclusion
L'Académie reconnaît le potentiel de la filière insectes, particulièrement pour l'alimentation animale, tout en soulignant la nécessité d'un encadrement scientifique rigoureux. La France, ayant fortement investi dans ce secteur avec des entreprises technologiquement performantes, dispose d'atouts pour développer cette filière d'avenir, à condition de poursuivre les efforts de recherche et de formation pour garantir la sécurité et la qualité des productions.